Notes de voyage autour des civic-tech
Jour 2 - 19 septembre 2019
10 jours en Chine. L’occasion de lancer une conversation avec la publication d’un court texte chaque jour sur le hub de l’atelier Civic-Tech du 3DD de Genève.
Near Deqing
- Est-ce que des citoyens chinois pourraient éviter l’exode rural et choisir de changer de mode de vie en restant vivre dans les campagnes ? Ce mode de vie serait-il plus durable et pourrait-il trouver un équilibre économique ? Serait-il contraint ou librement choisi ? En quoi une ou des technologies civiques pourraient aider à des choix raisonnés ?
- Ici en Chine se pose depuis plusieurs années le problème de la désertification accélérée des campagnes. Il y a une prise de conscience du gouvernement central à Pekin pour qui les villes ne peuvent plus être l’unique destination de la population. Les grands développeurs immobiliers ont depuis l’injonction de trouver des solutions rapidement, comme si tout d’un coup la résilience du système territorial s’était fragilisée.
- Contrairement à ce que je pensais avant d’avoir travaillé avec des universités et des architectes en Chine, les départements d’urbanisme testent et utilisent des technologies civiques comme je l’ai vu dans la métropole de Wuhan en 2015 (un peu moins de 10 millions d’habitants). Le responsable était cependant désarmé devant des réponses des habitants et des usagers qu’il avait du mal à structurer. Il avait proposé une expression libre à partir d’outils de dessins numériques sur des plans, ce qui n’est pas facile à analyser quand la démarche est réduite à cette action.
- Notre première expérimentation pour tester des pistes de revitalisation a commencée aujourd’hui dans un village un peu à l’extérieur de Dequing, une ville de 80 000 habitant. Le développeur immobilier reprend le chantier d’un autre promoteur et nous sommes informés que pour cette raison les travaux ne correspondent pas vraiment au concept du « village du XXI ème siècle » que nous devons co-concevoir et tester au cours des trois prochaines années. Il y aura donc un second site.
- Il est vrai que les chantiers de l’hôtel de luxe de 150 chambres, les villas et la tour inspirée de l’architecture traditionnelle font plutôt penser à un complexe touristique qu’à un lieu porteur d’alternatives au dépeuplement et ouvrant vers de nouveaux modes de vie. Nous apprenons d’ailleurs que le groupe immobilier a les droit d’exploitation de la marque Club Méditerranée.
- En superposition, le projet Wikitribe de notre partenaire architecte est différent.Tout y est open source et open design, agile et technologique, les constructions sont minimalistes et des ateliers participatifs sont programmés. Notre mission est de faire émerger une nouvelle façon d’habiter le territoire. Mais pour l’instant, les transformations que nous voyons ne semblent pas reliées aux personnes qui vivent et habite dans la région.
- Nous sommes arrivés il y a quelques heures seulement et nous commençons à échanger avec trois paysans à la retraite. Ils ont donné le droit d’exploitation de leurs terres pour 50 ans au développeur immobilier. Leurs enfants ne vivent plus ici. Le projet Wikitribe est reçu avec des grands sourires mais nous comprenons qu’ils n’ont en fait plus de possibilités de cultiver. Et il semblerait que d’autres paysans attaquent le développeur immobilier pour nuisance. Voilà, nous somme en Chine, les transformations territoriales y sont aussi complexes qu’ailleurs. Pour l’instant chaque acteur défend ses intérêts, il faut trouver les moyens de créer de l’écoute...