2017.12.01 - Entre subordination et indépendance : l’insertion professionnelle de jeunes urbanistes par Elsa Vivant (Université Paris-Est Marne-la-Vallée). Elsa Vivant rend compte de ses recherches, en France, relatives à l’insertion professionnelle de jeunes urbanistes. Le groupe Jeunes urbanistes de la FSU romande apporte ensuite un contrepoint suisse.
Documentation
Situation
la séance se passe sur le plateau du haut. Il y a environ 30 personnes assises en rang devant un bureau où est assise l'intervenante. Sur la droite une table et deux chaises sont positionnés pour les intervenants de la FSU. Le public est composé d'étudiants, d'ex. étudiants, de chercheurs, de praticiens (notamment de l’Office Urbanisme) et des personnes de la société civile intéressé par le sujet.
L'intervenante est Elsa Vivant - Maître de conférences au LATTS
Verbatim
Mon questionnement est de savoir si le monde de l'urbanisme peut-être étudié au regard du travail de la culture. Je travail particulièrement sur les jeunes diplômé en urbanisme affilié au régime auto-entrepreneur en France.
L'idéologie du régime Auto-Entrepreneur (AE) est calqué sur l'idée de facilité les démarches vers la création d'entreprise. Ce régime a été créé en 2009 en France. Avant cela en sortant des études d’urbanisme on ne créait pas son entreprise.
En 2001, apparait une crise et des controverses sur l'accès à la formation en urbanisme. Les urbanistes travaillent dans les grosses collectivités, les aménageurs. On rentre dans la carrière en devenant salarié. On trouve un travail et éventuellement on passe ensuite les concours de la fonction public.
La situation actuelle est donc nouvelle.
J’ai lancé une enquête auprès de 30 jeunes diplômé qui sont au régime d'AE avec la confédération des jeunes Urbanistes.
Après une petite enquête auprès de consultant, il est apparu que la création d'entreprise venait après 3 ou 5 ans d'année en agence car il y a peu de possibilité d'évolution de carrière. Ou bien après une longue expérience dans le service public parce qu'il y a des changement de politique. Dans ce dernier cas se sont généralement des personnes sortis d'étude en sciences sociales dans les années 80 et qui ont acquis les nouvelles compétences en urbanismes et qui ont ensuite travaillé auprès des collectivités.
Les 30 jeune diplômé ont une expérience hétérogènes. Ils créent en majorité une entreprise avec le régime AE pour la plupart se sont des entrepreneurs contraints. Ils s'inscrivent au régime suite à la proposition d'un employeur (car selon l’employeur, c'est plus simple). Seulement la simplicité est surtout du côté des employeurs. On peut parler qu’il s’agit la d’une trajectoire une relation salariale vers ne relation partenariale.
Tous les jeunes diplômés ne vivent pas leur situation de la même manière. J’ai répertorie 3 profils :
- Les salariés indépendants : Ils travaillent à temps plein, ont les mêmes taches qu'un salarié, avec quasi une relation de subordonnée. Ils vivent comme un salarié mais avec les contraintes de l'indépendant. Se sont les seuls qui ont un discours critique. Ils sont assez résistant avec un fort désintérêt sur les tâches administrative de l'auto-entrepreneur. Ils se construisent une identité professionnelle d’urbaniste. Ils sont tous dans cette incertitude. Mais ils développent de compétences avec l’objectif d'être salarié. Ils ont un revenu médian stable et proche d'une normalité.
- Les chômeurs entrepreneurs : Ils deviennent entrepreneurs car ils connaissent des difficultés pour trouver un travail. Ils font des missions pour convaincre un employeur. Ils sont contraint sur le marché du travail donc ils utilisent l’AE comme une porte d'entrée. Ils espèrent que cela va les aider à trouver un travail. Ils veulent montrer qu'ils sont actif. Ils ont des revenus très faible.
- Les convertis : A la base, ils n’avaient jamais pensé à l’AE la base mais ça leur plait beaucoup. Ils cherchent à développer leurs business sans être des sous-traitant. Ils ne gagnent pas mieux leurs vie que les autres, mais ils ont pris goût à l'entrepreneuriat. Ils ont généralement un mentor. Ils sont associés à un mentor ou bien se mettent à plusieurs dans un « pool » pour poursuivre une dynamique d'atelier. Ils développent des stratégies d'entreprises. Ils se positionnent sur les marchés publics. Mais ils sont contraint dans leur développement par les limites structurelles du régime AE. Leur but est de changé de statut.
On constate une fragmentation des tâches dans la chaîne de sous-traitance. Les jeunes urbanistes sont des maillons d'une chaîne de production. Ils ne peuvent pas développer pleinement leurs compétences d'urbaniste car il y a une grande division du travail.
On devient urbaniste en apprenant à apprendre. Ils réussissent à trouver par eux-mêmes des solutions. Ils sont tout le temps en train de se former.
Être auto-entrepreneur ce n'est pas facile. Il y a des problèmes administratif et gare aux arnaques. Il y a des problèmes de gestion du temps et de délais de paiement. Des problèmes d'argent (la question se pose de comment fixer les tarifs et bien évaluer son temps de travail. Des problèmes pour négocier. Des problèmes de trésorerie. Des problèmes sur les contrats car la plupart du temps il n'y a pas de contrat qui lie l’AE avec son client, il n'y a pas de trace pour faire reconnaître son travail. L’AE se retrouve à apprendre à tricher pour gagner des marché et être concurrentiel sur les marchés publics.
Ce n'est pas un véritable chamboulement. Il n'y a pas tant que ça de personnes dans cette situation. Il apparait que favoriser la création d'entreprise pour les jeunes diplômé crée une tension entre travailler en indépendant et savoir valoriser des compétences que l'on vient à peine d’acquérir.
En guise de conclusion, une question : Qu'en est-il en suisse ?
Commentaire et contre-points de la Fédération des jeunes urbanistes suisse
Il n’y a pas d'équivalent pour le statut d'auto-entrepreneur en suisse.
On rencontre des complications pour entrer dans le milieu professionnel. L'entrepreneuriat est difficile d'accès car le jeune diplômé a un manque de pratique. Les connaissances techniques et pratiques sont réduite. Il faut être accompagné par des personnes expérimentées. En dehors de compétences techniques il faut savoir comme écrire un cahier des charges, un pv. Ça on ne sait pas faire.
Ce qui est difficile c'est la socialisation professionnelle (pas de réseau, difficile d'appréhender les jeux d'acteurs). Comment on se fait connaitre?
On se qualifierait comme des chômeur entreprenant. Pour faire face à ça ont fait des stages. Après un an de stage est on est capable de monter notre boîte? J'en doute. C'est une prise de risque très importante.
On est tous passé par le stage. Est-ce que le stage devrait faire partie de la formation? Dans les bureaux si on a pas fait de stage on est pas engagé.
Réponse : En suisse le stage est facultatif.
Autres questions : Que veulent les étudiants? La jeune génération demande de la souplesse, de la qualité de vie. Elle est plus intéressé par des temps partiel. Il y a un besoin valoriser le travail (visibilité). Le but de la fédération est de faire entendre les attentes des jeunes auprès des professionnels.
En France il y a un débat sur la délimitation des stages. (Stage de 3 à 6 mois pas plus).
La catégorie 3, les convertis défendent le discours ci-dessus (souplesse, de la qualité de vie, plus intéressé à des temps partiel). La stratégie de sociabilité est d’aller par exemple bosser chez le donneur d'ordre.
Les cas présentés marchent bien sur des métiers émergents qui ne sont pas institué dans des référentiels.
Échanges avec la salle
Pendant 25 minutes des échanges se déroulent entre tout les participants. Les personnes n'hésitent pas à intervenir, à questionner, à donner leurs points de vues.